L’écologie de la conciliation

par Jean-Pierre Hérold

Pour la SHND a écrit Jean-Pierre, merci Jean-Pierre  (note NP)

Face à une pléthore d’avis et de décisions contradictoires qui conduisent à des conflits et des affrontements multiples dans le domaine de la gestion des milieux naturels ou modifiés, émerge une option plus réfléchie et plus adaptée qui a une vision plus large de l’évolution des questions environnementales présentes et futures.

Donc un changement dans les paradigmes de gestion se précise.

Pour être concret prenons l’exemple de la gestion d’une plante dite invasive, la Renouée du Japon (Renoutria japonica= Fallopia japonica).

On sait qu’elle a été introduite par des horticulteurs hollandais pour la décoration des jardins et des parcs au 19ème siècle, l’époque où toutes les sociétés naturalistes étaient en compétition dans la recherche d’espèces nouvelles importées d’outre mer et même du bout du monde. Il s’agissait de proposer à des clients fortunés, propriétaires de parcs ou de jardins des plantes décoratives originales.

La réussite a été totale, la renouée pousse vite, se propage facilement et est décorative par ses frondes et ses fleurs tardives.

Sa végétation abondante contribue à la fixation des sols, de l’azote et du CO2 : un point positif !

Elle contribue à la décoration des parcs et jardins, voir même des friches.

Mais, mais, elle est invasive !

Elle se propage le long des routes, véhiculée avec les déblais et remblais divers dans lesquels survivent les fragments de tiges dont chaque nœud peut donner une pousse nouvelle. Des bordures et des protections végétales expansives et gratuites peuvent ainsi se développer, mais demandent alors un entretien suivi.

De même le long des rivières, au fil des crues, sa propagation est très efficace, au point de développer une mini ripisylve dès qu’il y a le terrain et l’ensoleillement favorable.

Au risque de voir une plaine alluviale complètement envahie et occupée par une végétation mono spécifique.

Au printemps les jeunes pousses sont comestibles passées à la poêle  avec du beure, mais aussi appréciée des chèvres. La production de fourrage peut être intéressante si la gestion est raisonnée et suivie.

Puis en automne, la floraison de la renouée apporte une contribution mellifère importante pour les apiculteurs locaux.

L’extraction de substances à destination phytopharmaceutique est pratiquée dont le resvératrol anti-inflammatoire.

Donc, face à la menace d’une plante invasive, quel est le bilan ?

Une fois installée la renouée occupe la place, élimine tous les concurrents, résiste à tous les traitements. Ses rhizomes se propagent en profondeur avec une énergie étonnante.

Les tentatives d’éradication sont vaines, coupes multiples, arrachages, désherbants sont inefficaces, seule une couverture par une bâche noire lui supprime l’insolation et donc la photosynthèse.

La conciliation entre les inconvénients et les avantages est-elle possible ?

Sa fonction écologique peut être positive, voir précieuse, mais son potentiel d’expansion et de nuisance est redoutable.

C’est alors un choix de gestion qui doit être décidé en fonction des risques, des objectifs et des moyens :

 Il faut donc rechercher une conciliation écologique.

Bien d’autres cas sont connus d’espèces qui peuvent apporter des avantages s’ils sont gérés sans les laisser aller vers des débordements non maitrisés.

Peut-on nous apporter d’autres exemples significatifs observés ces dernières années aussi bien dans le monde végétal qu’animal ?

Ouvrons un dialogue !

Ce contenu a été publié dans Actualités. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.