Par Jean-Pierre Hérold
C’est cette plante qui forme des massifs denses sur les places de remblai, le long des routes ou des rivières. Elle atteint 2 à 3 m de haut, avec de larges feuilles rondes et une floraison blanche en grappes nombreuses d’aspect plutôt esthétique.
En hiver elle est identifiable à ses hautes tiges creuses et serrées formant des fourrés impénétrables.
Ce printemps humide le long de la FURIEUSE, elle est très abondante dans la zone d’alluvions, occupant tout l’espace, et elle se répand le long de la LOUE. On l’a aussi signalée au bord du LISON et des autres rivières de Franche-Comté.
En bordure de route, si vous avez l’œil curieux et ne conduisez pas trop vite, vous la voyez aussi, bien présente formant des haies denses dans les milieux ouverts.
C’est une plante que l’on appelle xénophyte, d’origine étrangère lointaine, ou encore néophyte, c’est-à-dire introduite récemment pour la décoration des jardins (au début du 20e siècle) par les hollandais toujours à la recherche de nouvelles espèces décoratives.
Elle est résistante, facile à reproduire et s’acclimate sous nos latitudes. C’est une plante invasive car elle colonise de nouveaux espaces à partir d’un morceau de rhizome transporté par des travaux routiers ou par les crues des rivières.
On l’appelle même peste végétale car rien ne l’arrête, elle occupe le terrain et n’a pas de prédateur.
Elle pose problème car sa capacité de recouvrement est extraordinaire, ne laissant la place à aucune autre espèce, et pouvant gagner des dizaines de mètres par an le long des bordures des rivières et des routes.
Pour contenir cette espèce, la seule solution écologique connue consiste à la couper et l’arracher plusieurs fois par an, puis la brûler sans oublier aucun morceau de rhizome. Les traitements chimiques sont à proscrire le long des rivières et sont d’une efficacité réduite.
Elle n’aime pas l’ombre et donc ne se développe pas sous les ripisylves composées d’aulnes, de frênes, d’érables et des espèces d’accompagnement.
L’association ECHEL, basée à NANS-sous-SAINTE-ANNE a cartographié la colonisation de la renouée dans le secteur du bassin versant de la LOUE et du LISON et organisé un colloque technique en 2002 qui réunissait, à ARC et SENANS, les spécialistes de toute la zone gérée par l’Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée-Corse, et bien au-delà.
Au delà des constats elle proposait des actions d’éradication de cette « peste » végétale. Or la réalité de terrain montre bien plus de vingt ans après l’échec de cette politique.
La solution miracle n’existe pas, il faut faire des coupes fréquentes et surtout ne pas mélanger les plantes coupées avec les déchets verts, mais les brûler avec soin.
Ces pratiques ne sont pas respectées et donc l’extension de cette invasive se poursuit .
Mais un point positif est avancé par les apiculteurs qui constatent que les fleurs de renouée sont bien mellifères et permettent des récoltes de miel en automne à des périodes où il n’y a pas ou peu de production possible.
On peut ajouter que pour les gastronomes les pointes des bourgeons terminaux passées à la poêle au beurre et agrémentées de quelques épices sont comme les crosses de fougères ou les pointes d’orties, un plaisir gustatif.