par Nicole Pons et Jacques Mudry,
photos : Jean-François Thivet et Nicole PONS
Les adhérents de la SHND avaient rendez-vous ce jeudi 13 mai 2024 à la grotte de la glacière dite encore grotte de la Grâce-Dieu sur la commune de Chaux-les-Passavant. Une quinzaine de personnes se sont donc retrouvées pour écouter Monsieur Rolland, le passionné gérant, présenter « sa lecture » de la grotte et montrer quelques particularités avec le faisceau rouge de sa lampe. Tout le monde avait prévu une « petite laine » bien appréciée.
Voici une traduction résumée de la visite avec une lecture de géologue.
La grotte doit son nom au fait qu’elle contenait de la glace été comme hiver jusqu’au siècle dernier. L’hiver, les températures basses gelaient l’eau d’infiltration et l’été, la glace ne fondait pas complètement à cause de l’orientation, au nord, de l’ouverture de la grotte et des circulations d’air. Il est intéressant de voir comment ce phénomène était vécu et interprété à la fin du XIXème siècle. Un clic sur la photo ci-dessous permet d’accéder à un article publié par la société d’émulation du Doubs.
Cette glace a été exploitée pour servir dans les hôpitaux et dans la restauration. Depuis le réchauffement climatique, il n’y a plus de formation de glace et l’intérêt de la visite du site porte sur l’immensité des lieux, son histoire géologique et la superbe collection de minéraux.
Les dimensions figurent dans la topographie du géomètre A. Bersot – 1829, (publiée par le GIPEK 1996). On peut évaluer l’entrée à une vingtaine de mètres de large et une trentaine de mètres de haut. La grotte s’élargit en un boyau de 100m, dont le fond descend à environ soixante-dix mètres sous le niveau de l’entrée.
Les déplacements se font seulement dans la partie supérieure de la grotte, par des escaliers assez rudimentaires.
Cette grotte s’est formée dans un terrain karstique. Il s’agit d’une ancienne vallée creusée par un cours d’eau qui a fini par se perdre dans le sous-sol, laissant la vallée à sec. On retrouve les traces de ce cours d’eau par une marmite inversée au plafond du fond de la grotte. Des effondrements ont agrandi la salle.
La grotte s’ouvre dans les calcaires sublithographiques bathoniens du plateau d’Ornans, sub-horizontaux et à plongement léger vers le sud.
Le fond de la grotte atteint la Grande Oolite âgée de quelque 160-170 millions d’années, ces strates de différentes épaisseurs, couleurs et structures témoignent des modifications périodiques de la sédimentation en relation avec les périodes plus ou moins chaudes et sèches. Certaines sont riches en fossiles particulièrement bien visibles dans un récif corallien. Au fond de la grotte un passage donne accès à un couloir riche en drapés de stalactites.
La visite du site se termine par un passage dans plusieurs salles remplies d’une magnifique collection de minéraux rapportés de plusieurs régions du globe. On y trouve en particulier une magnifique géode d’améthyste d’un mètre de diamètre à côté d’autres minéraux comme de nombreux cristaux de quartz divers, fluorine, calcite, barytine, tourmalines, etc …
Au retour un arrêt a permis d’admirer la cascade de l’Audeux.