Dernières conférences de l’année 2011

Conférence : Mardi 15 novembre 2011 – « Les anciennes surfaces d’érosion dans le Jura : mythe ou réalité »

par Michel Campy, professeur émérite à l’université de Bourgogne

Le début du XXe siècle voit se développer une frénétique recherche des anciennes surfaces d’érosion sur les continents.
Il s’agit de replats (plateaux) marquant la fossilisation d’anciennes érosions, ayant tronqué les reliefs au cours des périodes géologiques anciennes et demeurées ainsi intactes depuis leur formation.
Ces idées sont fortement influencées par la théorie du « cycle d’érosion », développée dans le monde entier par le grand géologue américain W. D. Davis (1850-1934). 
En France, l’idée est reprise et systématisée par l’école dominante de la géomorphologie, dirigée par la forte personnalité de Emmanuel de Martonne (1873-1955), dont les nombreux élèves répartis dans tous les continents, étaient tenus de mettre en évidence un certain nombre de surfaces d’érosion
dans leur secteur d’étude.
Pour le Jura, la difficile mission fût confiée à Georges Chabot (1890-1975). Après un travail de terrain de plus de 10 ans,
Chabot soutient sa thèse en 1927, totalement axée sur la reconnaissance de deux « pénéplaines » anciennes : la surface dite d’Ornans et la surface dite de Montrond, plus basse et emboîtée dans la précédente.
Chercheur très honnête, Chabot reconnaît lui-même la faiblesse de son argumentation et ne présente
de ses « surfaces » que des témoignages très localisés, se raccordant plus ou moins bien les uns aux autres, mais sans jamais proposer une répartition cartographique générales des ces surfaces. Quand il n’y a pas parfaite concordance altitudinale, Chabot est obligé de faire appel à des « déformations ultérieures » ayant rompu la continuité topographique.
La critique de cette thèse ne tarde guère dans le cercle de la géomorphologie, par Blache (1929),
Bénévent (1932) et Blanchard (1934), qui publient des études solidement argumentée, mettant à bas les vues de Chabot.
À la suite de ces débats, la théorie des « surfaces d’érosion » est progressivement abandonnée puis définitivement rejetée par le milieu de la géographie physique de la dernière moitié du XXe siècle.
De manière surprenante et inattendue, ce sont les géologue jurassiens qui vont remettre cette théorie au goût du jour, bien que certaines recherches récentes sur la géologie de surface aient confirmée sa fragilité.
Ses plus ardent défenseurs furent M. Dreyfuss, A. Caire et S. Guillaume qui continuèrent à parler de « surface » d’érosion » jusqu’aux années 1980.  
Bien que ce thème ne fasse plus partie des sujets de recherche actuelle en géologie, le conférencier fera le point sur l’état de la question, sur laquelle il donnera son avis.

Conférence : Mardi 13 décembre 2011 – « La biogéographie, l’endémisme et l’anthropisation de la flore d’Océanie : enjeux pour une recherche moderne »

par Arnaud Mouly, maître de conférence à l’Université de Franche-Comté


Les archipels océaniens sont des points chauds de la biodiversité tant marins que terrestres. Les flores insulaires océaniques très diversifiées présentent des syndromes taxonomiques extrêmement caractéristiques de ces terres isolées des continents. L’âge récent des îles, la faible superficie, l’altitude, le climat tropical humide, le substrat rocheux ou sableux – volcanique ou calcaire –, l’isolement géographique et génétique, ainsi que l’origine, la durée et les modalités de l’occupation humaine représentent les principaux forçages agissant sur ces flores.

Il résulte de l’histoire évolutive de cette région un taux d’endémisme élevé et des adaptations extravagantes. La structuration insulaire est ainsi un modèle naturel idéal pour comprendre les modalités de colonisation et de diversification des taxons.


La connaissance de l’histoire des migrations humaines permet également d’observer à cours terme les effets des anthropisations successives et des espèces invasives introduites sur les communautés végétales locales.

Comme une invitation au voyage, à la découverte et à l’étude, la présentation de la flore spectaculaire d’Océanie nous montre comment ces territoires éloignés forment un enjeu international pour la recherche scientifique.

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