Quelques ammonites des environs de Besançon : Hettangien et Sinémurien.

Cet article vous présente quelques photos de fossiles, essentiellement des ammonites, découverts dans les environs de Besançon. Le premier site visité est la zone d’activités de Vaux-les-Prés, en construction au niveau du péage Besançon Ouest de l’A36 (lieu-dit La Tuilerie). Les travaux ont mis à jour les sédiments du Rhétien, de l’Hettangien, du Sinémurien, du Pliensbachien et du Toarcien. Le deuxième site est situé dans le vallon des Mercureaux où les travaux actuels du contournement de Besançon recoupent le Trias supérieur et le Lias.

Ce premier article s’intéresse aux fossiles du Rhétien terminal, de l’Hettangien et du Sinémurien avec notamment les petites ammonites du Sinémurien supérieur (marnes lotharingiennes ou Marnes à Promicroceras planicosta). Il est à noter que le contenu paléontologique du Lias inférieur est insuffisamment cité dans la notice de la carte de Besançon 1/50.000è contrairement au texte de la notice de la carte au 1/80.000è.

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HETTANGIEN

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Hettangien inférieur – contact argilites rhétiennes/Calcaire à Gryphées

Ammonite évolute, très fine, à section oxycône avec une fine carêne ventrale. Flancs lisses.

Ce Psiloceras a été récolté en surface [gris](par Pauline)[/gris] et dans une zone de travaux. Il signale cependant la [rouge]présence de l’Hettangien inférieur (zone à planorbis).
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Hettangien supérieur – base du Calcaire à Gryphées

a. fragment trouvé sur la surface d’affleurement (La Tuilerie). Côtes simples, section oxycône et sillon ventral caractéristique. Moule interne en calcaire.

b. moule interne dans le premier banc du Calcaire à Gryphées (Mercureaux).

[rouge]Ammonite de zone, dernière zone de l’Hettangien[/rouge].

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SINÉMURIEN

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Sinémurien inférieur – Calcaire à Gryphées

À Besançon, le Calcaire à Gryphées est un calcaire bleu, sombre, très dur et les ammonites sont donc très difficiles à dégager. Elles sont rarement en très bon état. De plus, ces « Ariétites » sont assez difficiles à identifier avec précision, les genres principaux (Arietites et Coroniceras) se ressemblent beaucoup et il y a beaucoup de confusion dans les collections et dans les ouvrages anciens. Par exemple, l’observation ou non de l’aire ventrale tricarênée et bisulquée demande un moule interne de bonne qualité.

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Sinémurien supérieur – Marnes à Promicroceras planicosta

ou marnes « lotharingiennes »

Petite ammonite évolute, à section serpenticône et ombilic large. Côtes fines en relief qui s’élargissent en franchissant l’aire ventrale, ce qui donne une morphologie très caractéristique.

[rouge]Ammonite de la zone à obtusum qui date donc le début du Sinémurien supérieur (Lotharingien).[/rouge]

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Phragmocône évolute, section platycône mais avec les flancs courbes. Ombilic large. Les côtes sont radiales, très légèrement proverses vers l’aire ventrale qu’elles ne franchissent pas. Aire ventrale caractéristique avec une carêne flanquée de deux sillons peu marqués chez l’espèce obtusum. [rouge]Ammonite de zone[/rouge].

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Ammonite de petite taille à phragmocône involute, section oxycône large et arrondie et ombilic petit. Côtes primaires péri-ombilicales se divisant en 2 ou 3 côtes secondaires. L’aire ventrale est marquée par un étroit sillon très net. Ammonites courantes des marnes lotharingiennes à Promicroceras planicosta donc signalant régionalement la zone à obtusum.

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Petite forme évolute, à section serpenticône et ombilic large. Côtes fines. Suture simple évoquant celle des cératites. Ammonites fréquentes des marnes lotharingiennes.

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Phragmocône très légèrement involute, section serpenticône à large ombilic. Côtes fines, qui traversent l’aire ventrale, et développement régulier de côtes épaisses qui portent épines et tubercules, particulièrement bien développés vers l’aire ventrale.

[rouge]La littérature (e.g. Arkell et al., 1957) rapporte le genre Eoderoceras à la zone à raricostatum.[/rouge]

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Discussion

Rhétien – Les argilites noires rhétiennes se terminent par un niveau lumachellique à Avicula. Puis, 20 à 30 centimètres de marnes gréseuses font le passage vers le Calcaire à Gryphées. N’ayant pas trouvé de fossiles dans ce niveau, il n’est pas possible de dire s’il correspond à la fin du Trias ou si c’est le début de la sédimentation liasique.

Où fixer la limite Trias-Lias?

Les cartes géologiques limitrophes à celle de Besançon apportent des réponses contradictoires. Ainsi la notice de la feuille de Gray 1/50.000 décrit le sondage de Velesmes où l’Hettangien est constitué de silts dolomitiques, donc en continuité avec la sédimentation rhétienne. À l’opposé, la notice de la carte de Baume-les-Dames cite Schlotheimia, Alsatites et Psiloceratidés, c’est à dire les ammonites des trois zones de l’Hettangien, à la base du Calcaire à Gryphées. La notice de la carte de Quingey renvoie à la carte de Salins-les-Bains où la zone à planorbis (Hettangien inférieur) a été mise en évidence, accompagnée d’une lumachelle à Cardinies avec à la base un « bone bed » à dents de Poissons et de Sauriens. Ce dernier niveau étant ailleurs habituellement attribué au Rhétien!

Hettangien inférieur – Bien que trouvé en surface des travaux au lieu-dit « La Tuilerie », l’unique exemplaire de Psiloceras sampsoni (zone à planorbis) atteste la présence de l’Hettangien inférieur. Cette petite ammonite est un moule interne oxydé, à l’origine en pyrite, donc issu de niveaux argileux ou marneux. Il prouve la présence de sédiments de l’Hettangien inférieur dans la série bisontine, sans que l’on puisse dire s’il s’agit de la fin de la séquence « rhétienne », le début de la séquence « sinémurienne » ou bien une séquence « hettangienne » réduite. La notice de la carte de Besançon 1/80.000è, assez complète du point de vue paléontologique, signalait l’Hettangien « que l’on ne peut séparer du Rhétien« !

Hettangien supérieur – L’ammonite Schlotheimia angulata est attestée sur les 2 sites (La Tuilerie et les Mercureaux), par les deux fragments photographiés. La sédimentation du célèbre faciès « le Calcaire à Gryphées », débute donc à la fin de l’Hettangien par des calcaires d’ailleurs pauvres en Gryphées. La zone à liasicus (Hettangien moyen) n’a pas été reconnue dans la région bisontine.

Sinémurien inférieur – Le Sinémurien inférieur est attesté par les célèbres Ariétitidées, souvent de grande taille, (Coroniceras, Arietites et Arnioceras) du Calcaire à Gryphées. Rappelons ici que le « Calcaire à Gryphées » est en réalité une alternance de bancs calcaires plus ou moins continus, noyés dans des marnes pauvres en fossiles. Les Gryphées et les Ammonites sont le plus souvent en face inférieure des bancs.

Sinémurien supérieur – Les marnes noires « lotharingiennes » fournissent des ammonites pyriteuses parmi lesquelles quelques petits exemplaires d’Asteroceras obtusum, ammonite de zone. Elles sont aussi connues sous l’appellation des « Marnes à Promicroceras planicosta », cette petite ammonite est en effet très fréquente et peut faire office d’ammonite de zone.

Ici, aucun fossile ne permet d’identifier la zone à oxynotum citée dans la notice de la carte de Baume-les-Dames 1/50.000.

La découverte d’un exemplaire d’Eoderoceras (site des Mercureaux), s’il est confirmé que le genre est restreint à la zone à raricostatum, atteste la présence du Sinémurien terminal.
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Références et Ouvrages consultés

Arkell et al. (1957) Treatise on Invertebrate Paleontology. Part L. Mollusca 4. Cephlopoda. Ammonoidea. Geological Society of America and University of Kansas Press.

Cartes Géologiques au 1/50.000è. BRGM Éd. Carte de Besançon (1967) et les 8 cartes limitrophes de Besançon soit Gray (1978), Gy (1985), Baume-les-Dames (1972), Vercel (1965), Ornans (1963), Quingey (1975), Dôle (1979), Pesmes (1983).

Cartes Géologiques au 1/80.000è de Besançon (1966). Service de la Carte Géologique. Ministère de l’Industrie.

photos des ammonites de zones (documents joints) avec l’aimable autorisation de Messieurs :

J.S. DAVID -> [rouge]http://jsdammonites.fr/index.html[/rouge]

J.C. BERTIN -> [rouge]http://bertinjc.free.fr/Ammonites.htm[/rouge]

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