Les vicissitudes d’un arboretum.

Après avoir planté 12 ha de forêt (12 000 frênes, 600 peupliers, merisiers, hêtres, érables …), un passionné de la nature s’est constitué un arboretum d’un peu plus de 2 ha. Actuellement, celui-ci comprend environ 550 taxons différents.

Première difficulté rencontrée : les plus beaux peupliers et frênes voient tour à tour leur cime cassée par les buses variables qui cherchent un observatoire pour surveiller leur terrain de chasse. Ce rapace assez lourd (environ 1 kg) s’applique à plier la jeune pousse pour obtenir un appui plus stable, jusqu’à ce que celle-ci casse. Alors, il recommence avec un autre, multipliant les problèmes de retard de croissance.

Les milans noirs cerclent également au-dessus du terrain. Leur vol est plus léger que celui de la buse, les ailes sont coudées, la queue est assez longue et légèrement échancrée.

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Tous deux viennent capturer les rats taupiers – ou campagnols terrestres – , dont l’identification est facilitée par l’observation des dégâts causés aux jeunes plants (racines coupées, écorce rongée au niveau du collet) et des taupinières de plus de 50 cm érigées au-dessus du nid.

Ce petit rongeur a une longueur (tête et corps) de 12 à 22 cm , et une queue longue de 6 à 11 cm. Il pèse de 80 à 180 g. Le campagnol terrestre est un herbivore. Il pullule rapidement : 5 à 6 portées par an sont possibles, avec 2 à 8 petits par portée.

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Les ragondins, quant à eux, creusent, dans les berges du ruisseau, des terriers de quelques mètres de profondeur, avec plusieurs entrées dont l’une est immergée, entraînant l’érosion des rives et la chute des arbres.

C’est un mammifère originaire d’Amérique du Sud, introduit en Europe au XIX° siècle pour l’exploitation de sa fourrure. De grande taille (70 centimètres à un mètre, six kilos), il a le corps recouvert d’une épaisse fourrure imperméable et terminé par une queue cylindrique écailleuse. Ses pattes postérieures palmées, ses narines obturables placées, comme ses yeux, très haut sur la tête, en font un animal amphibie parfaitement adapté à la vie aquatique.

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Les lièvres hantent aussi le secteur, coupant les jeunes plants à 5 ou 6 cm du sol – surtout les merisiers et les Cryptomeria. Ils sont fins, légers et possèdent de longues pattes postérieures très musclées, qui leur permettent de se propulser en bonds rapides lorsque c’est nécessaire ; le lièvre d’Europe peut ainsi se déplacer à une vitesse maximum de 60 km/h et aussi faire des sauts.

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Les chevreuils sont aussi des hôtes assidus des sous-bois. Mais leur présence n’est pas un bonheur : beaucoup de conifères et même 98 % des frênes portent des marques de frottis. Ce marquage territorial se fait de février à août et entraîne soit une perte de taille importante des arbres, soit leur mort.

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Les chevreuils attirent aussi les chasseurs, dont les balles perdues viennent endommager l’écorce des arbres ou se ficher dans leur tronc.

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Lorsque les cerfs élaphes (Cervus elaphus) ont, à plusieurs reprises, traversé la plantation, le sylviculteur a découvert des tas de copeaux au pied des arbres, frottés à une hauteur de 0,70 à 1,70 m. Ce sont les peupliers qui en ont pâti, étant alors les seuls grands arbres sur le terrain. Maintenant, les cerfs de passage cassent de jeunes arbres en tirant sur les branches (merisiers et frênes).

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Les sangliers (Sus scrofa) ont trouvé une souille (endroit marécageux) à l’abri du sous-bois Mais les arbres souffrent quand ils se frottent avec insistance contre les troncs d’arbres ( Douglas et Aulnes glutineux surtout), pour se débarrasser d’un certain nombre de parasites, pour réguler leur température corporelle et pour marquer leur territoire. Ils endommagent aussi les écorces avec leurs défenses.

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Si le « trrrr… » des pics accompagne les travaux d’entretien de l’arboretum, il est moins agréable de constater les trous faits dans les troncs par ceux qui recherchent leur nourriture ( larves de parasites). On y rencontre le Pic noir (Dryocopus martius), le Pic vert (Picus viridis), le Pic épeiche (Dendrocopos major ) et le Pic mar (Dendrocopos medius).
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Les frelons s’attaquent essentiellement aux frênes : avec leurs grosses mandibules, ils découpent puis mâchent l’écorce pour se nourrir de la sève élaborée. S’ils prennent la branche dans le sens de la longueur, il s’en suivra « seulement  » un retard de croissance. Mais s’ils cerclent la branche, c’est la mort assurée !
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De gros pucerons colonisent les chênes (Quercus, macrocarpa, Quercus coccinea …). Des pucerons lanigères se trouvent sur les Fraxinus ornus. En suçant la sève, ils affaiblissent l’extrémité des rameaux et provoquent des nécroses, sources de maladies.

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Limaces et escargots mangent les jeunes pousses. Quand les plants sont petits, cela peut entraîner leur mort. – Il faut savoir que le sylviculteur aime semer les graines d’arbres, et les transplante dans l’arboretum après un ou deux hivers passés au jardin, en pépinière. Ils sont donc encore très fragiles face à ces prédateurs.
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On rencontre beaucoup de genres d’insectes dans l’arboretum. S’ils ne sont pas directement nuisibles, leurs larves causent parfois des dégâts importants.

La saperde du peuplier (Saperda calcarata) brise, à l’aide de ses fortes mandibules, l’écorce d’arbres d’environ 10 cm de diamètre pour y pondre ses oeufs. Vingt jours plus tard, les jeunes larves mangent le cambium (partie vivante de l’écorce) et rejettent leurs excréments par l’ouverture de la galerie à l’endroit où les œufs ont été pondus.

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Certaines chenilles s’attaquent aux Bétulacées ( principalement Corylus colurna, mais également aux genres Alnus et Betulus).

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D’autres laissent admirer leurs couleurs soyeuses.

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Certaines larves d’insectes sont à l’origine de galles sur de nombreuses espèces, endommageant les feuilles.
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Le même arbre peut être parasité par des galles différentes.
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Certaines bactéries provoquent une croissance désordonnée de l’arbre, formant des amas de pousses.

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Le vent aussi cause des dégâts sur les jeunes plants particulièrement fragiles au moment de la feuillaison, cassant les troncs sous le houppier.

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L’hiver 2009-2010, en raison d’un coup de froid particulièrement brutal ( à la mi-novembre, passage en trois jours de + 12° à – 22°), a entraîné la mort de nombreux arbres plantés en limite de zone climatique (Eucalyptus, Buddleja, Albizia, Lagerstroemia, Melia …) : la sève ayant gelé a fait éclater les troncs, formant des crevasses de 20 à 50 cm de long et allant parfois jusqu’au coeur.

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Sur les instances de la DDA, le sylviculteur a planté des peupliers Beaupré, qui jusqu’alors (1997) étaient exempts de maladie. Seul ce clone a été sélectionné pour toute la France et au-delà, et ce qui devait arriver arriva : une rouille de type 4 à Melampsora s’est développée très rapidement dans tout l’Hexagone. Les feuilles tombent pratiquement début août et une repousse se fait parfois en septembre. Tout ceci a pour conséquence d’affaiblir les arbres qui finissent par mourir.

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Actuellement, une grave menace pèse sur les frênes, due au champignon Chalara fraxinea, qui entraîne la mortalité des rameaux et des nécroses sur les troncs et les branches.

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En conclusion, si c’est un plaisir de planter des variétés différentes, pour admirer feuillages, écorces et fleurs particulières, en testant parfois leur acclimatation dans une zone climatique limite, il faut accepter toutes les astreintes liées à la nature et au climat, et rester philosophe face aux déboires qui surviennent.

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