Le 4 aout dernier, notre collaborateur et ami, jean Yves Robert,
conservateur au muséum de la citadelle et proche collaborateur de
notre société s’est éteint après une lutte courageuse contre
l’implacable maladie qui s’était déclarée un an auparavant.
Il n’avait que 43 ans !
Fils de naturalistes chevronnés, son père Jean Claude est un membre actif de notre société dont il a fait partie du CA durant plusieurs années, Maître de Conférence émérite de biologie-écologie à l’UFR Sciences et Techniques de Besançon.
Sa maman, elle aussi emportée par la maladie en 2005, fut professeur de biologie-géologie dans le second degré : mais ils furent et restent surtout d’infatigables amoureux et défenseurs de la nature, prodiguant la bonne parole d’abord à leurs enfants et tout leur entourage,militants dans diverses groupes et associations environnementales et scientifiques.
Jean Yves a donc dès son plus jeune age bénéficié d’un microcosme
familial propre à l’aider à développer ses tendances de passionné des choses de la nature, de tout le règne animal. Son intérêt précoce pour les insectes le conduira tout naturellement à réaliser au muséum, plus tard un insectarium , aujourd’hui renommé dans toute l’Europe.
Sa carrière
Après ses premières années à Besançon jusqu’au DEUG, il poursuit un cursus universitaire à Lyon où il a obtenu une licence, une maîtrise puis, en 1991, un DEA en « analyse et modélisation des systèmes biologiques » avec mention bien.
Jean-Yves arrive à la Citadelle à l’automne 1991, en tant qu’objecteur de conscience dans le cadre de l’OPIE.
Gérard Galliot, conservateur du muséum lui confie alors l’aménagement d’un vivarium destiné aux insectes, une des toute première passion de Jean-Yves ; il créera ainsi un insectarium, inauguré en 1992, qui va devenir une référence européenne : jamais encore on avait présenté des insectes en vivarium !
Intégré au muséum en 1993, il poursuivra des initiatives innovantes
pour un muséum : transformation de l’aquarium, création d’un
noctarium, restructuration totale du parc dans un esprit nouveau avec une belle idée directrice : l’accueil et le développement d’espèces en voie de disparition .
Cette nouvelle approche il devait la développer au sein de la SHND par une conférence (en mairs2008 ) *
L’aventure Malgache
Madagascar constituait presque une seconde patrie pour Jean-Yves.
Il s’y est rendu à plusieurs reprises, comme Delphine Roulet l’a si justement rappelé avec émotion, lors de son intervention à la cérémonie d’adieu, » n’avait de cesse d’approfondir les liens, les échanges et les travaux sur les lémuriens, qu’il y avait engagés « .
Il va s’intéresser particulièrement à ces mythiques animaux de « La Grande Ile » (Madagascar), en particulier aux fameux propithèques couronnés et aux grands hapalemurs.
Intérêt qui va permettre au Muséum de Besançon d’obtenir une reconnaissance nationale et internationale aussi bien dans les milieux scientifiques que sur le plan médiatique.
Il va développer au sein du Muséum de Besançon en matière d’élevage et de conservation un savoir-faire de grande qualité reconnus au sein de la communauté muséographique européeenne. il va s’intéresser aux stratégies de sauvegarde et d’élevage de ces animaux dont la survie dépend beaucoup d’actions spécifiques.
Il va également mettre sur pied la semaine annuelle de l’EAZA, afin de sensibiliser le plus grand nombre à la nécessité de préserver la biodiversité et de sauvegarder les espèces en danger dans leur milieu d’origine.
Il tint à une collaboration avec la SHND, afin de donner à ces actions un ton plus scientifique et une ouverture médiatique.Une collaboration régulière entre le muséum et la SHND s’est ainsi mise en place grâce à lui et chaque année nous accueillons depuis 2008, des conférences dans ce cadre (* )
Il ne ménage ni son temps ni sa peine, tant au musée que dans les échanges sur le terrain , le récit de la réintégration de ce jeune simus dans le parc malgache en a ému plus d’un, et le visage de Jean-Yves y traduisait tout l’enthousiasme et la fierté d’un pari réussi.
Homme et ami d’exception , Jean-Yves nous manquera beaucoup, il nous restera le souvenir du passionné, du volontaire, du sérieux mêlé d’humour dont il ne se départissait jamais, jusque dans sa dernière et si émouvante lettre d’adieu adressée à son frère qu’il a souhaité faire partager avec tous ses amis présents le 30 juillet lors de la cérémonie d’adieu .
Adieu Jean-Yves, tu vas continuer d’habiter notre souvenir et tous les lémuriens du parc recevront une parcelle de ton éternité puisque tu as souhaité que tes cendres y soient répandues .