Sortie à Villard-sur-Bienne

Vingt-cinq membres de la société se sont retrouvés à 7 heures 30 sur le parking de la piscine Mallarmé à Besançon pour une sortie dans le Haut Jura. A Château-des-Prés nous avons retrouvé quelques amis naturalistes jurassiens.

Botanique

Sur le sentier pédestre qui longe la D 126 en direction de Saint-Claude à partir du parking de la Pontoise, nous avons rencontré un certain nombre d’Orchidées intéressantes :
– Céphalanthère à longues feuilles, très abondante (Cephalenthera longifolia)
– Néottie nid-d’oiseau (Neottia nidus-arvis) : c’est en étudiant cette plante que le botaniste Noël BERNARD a découvert en 1898 les relations entre l’orchidée et un champignon, indispensables à la germination des graines.


– Platanthère à 2 feuilles (Platanthera bifolia)
– Listère ovale (Listera ovata)
– Ophrys mouche (Ophrys insectifera)
– Ophrys araignée (Ophrys sphegodes = aranifera)
– Ophrys araignée précoce (Ophrys araneola)
– Orchis militaire (Orchis militaris)
– Orchis brûlé (Orchis ustulata)
– Orchis tacheté (Dactylorhisa maculata)
– Orchis pyramidal (Anacamptis pyramidalis)
– Sabot de Vénus (Cypripedium calceolus), plusieurs pieds encore bien fleuris

– Orchis moucheron = Gymnadénie à long éperon (Gymnadenia conopsea), en boutons
– Epipactis rouge noirâtre (Epipactis atrorubens), en boutons
– Céphalanthère rouge (Cephalanthera rubra), en boutons, au pont de Roche Blanche

Parmi les nombreuses autres plantes supérieures rencontrées sur « le sentier des Orchidées » ou sur celui « des pêcheurs » conduisant à la falaise de Roche Blanche, citons-en quelques unes seulement :
– la Mélitte à feuilles de Mélisse (Melittis melissophyllum) une belle Lamiacée à fleurs blanches ou roses, très mellifères.
– le Sceau de Salomon officinal=odorant (Polygonatum odoratum)
– l’Asaret d’Europe (Asarum europaeum) avec son unique fleur mauve poilue, cachée sous la mousse.
– la Parisette à 4 feuilles (Paris quadrifolia) dont la baie noir bleuâtre est toxique.
– la Renoncule à feuilles d’Aconit (Ranunculus aconitifolius), les pétioles sont poilus, les fleurs blanches.
– la Julienne des Dames (Hesperis matronalis), une Brassicacée très odorante.
– l’Érine des Alpes (Erinus alpinus)

Quelques mots de Mycologie
– Sur le sentier l’Euphorbe petit- cyprès (Euphorbia cyparissias) ainsi que l’Euphorbe verruqueuse (Euphorbia verrucosa), omniprésentes, sont très souvent parasitées par une rouille, Uromyces pisi ; la morphologie de chacune de ces 2 plantes est totalement modifiée.
– Le Génévrier commun (Juniperus communis) abondant lui aussi, est l’hôte intermédiaire d’une autre rouille, Gymnosporangium fuscum ; le champignon, visible seulement par temps humide, se présente sous la forme d’une masse gélatineuse jaune orangé ; il est responsable de la rouille réticulée du sorbier et du poirier, leurs hôtes définitifs (le cycle de développement de ce champignon est en tous points comparable à celui de la rouille du blé)

Le pique-nique a été pris au pont de Roche Blanche au bord de la Bienne, dans un très beau site et par un très beau temps. Pour rejoindre Roche Blanche,à la sortie de La Rixouse, direction Saint-Claude, vous tournez à gauche (Roche Blanche est indiqué) et vous descendez la petite route étroite et sinueuse, mais très jolie,sur 2,5 km en direction de Noirecombe. (le Cincle plongeur y est nicheur).

Géologie


L’après-midi, nous avons rejoint la falaise de Roche Blanche par le « sentier des pêcheurs » qui longe la Bienne. Le sentier débute à droite du pont, vous passez un petit muret, puis vous longez la Bienne sur sa rive droite, jusqu’à l’ancienne usine électrique, tout près de la falaise.

Le récif corallien de Roche Blanche (Valfin)

Il se situe dans le Titonien (jurassique supérieur) ; le Titonien regroupe aujourd’hui le Kimméridgien – 200 m de puissance et le Portlandien – 40m ; la roche est un calcaire oolithique fin, très clair gélif, avec de belles géodes de calcite pure.

Paléogéographie sommaire :

Il y a 140 millions d’années environ,à la faveur d’un haut fond,la région était recouverte par une mer peu profonde (60 à 80 cm), relativement chaude (20 à 22 degrés), agitée (condition nécessaire à une bonne oxygénation de l’eau et à la genèse du calcaire oolithique), dans laquelle vivaient une flore et une faune abondantes.

Parmi les animaux :
– des Coraux : Coelentérés Madréporaires coloniaux, fixés au fond de la mer et qui fabriquent eux-mêmes leur squelette calcaire en croissant du bas vers le haut. (le nombre de cloisons, visibles à l’œil nu, de chaque groupe d’individus est un multiple de 6 (famille des Hexacoralliaires)
– des Mollusques Gastéropodes et notamment Nerinea et Cerithium (nombreuses espèces et sous-espèces, toutes enroulées en spirale)
– des Mollusques Lamellibranches : Lima, Pecten, Mytilus, Arca pour les plus fréquents.
– des Rudistes, Mollusques voisins des Lamellibranches dont Diceras (2 valves dissymétriques en forme de cornes).

Après sédimentation et retrait de la mer, les animaux sont morts et on les retrouve fossilisés dans les éboulis et dans la falaise ; ils ne sont plus « en position de vie » car l’orogénèse alpine est passée par là. :
– pour les Nérinées, on retrouve soit le moule interne soit, le plus souvent, la section transversale toujours calcifiée.
– pour les Coraux, vous les trouverez soit en section transversale, soit sous forme de polypier branchu (un seul exemplaire à Roche Blanche, 3 magnifiques à gauche de la route qui descend de Noirecombe à Saint-Claude, juste avant le pont sur la Bienne)

Documents consultés :
– Flora Helvetica – Flore illustrée de la Suisse – Lauber K. § Wagner G.; Photographies et descriptions, 1616 p. ; clef de détermination, 276 p. Editions Paul Haupt, 2000.
– Cartes Géologiques au 1/50000 de Morez-Bois d’Amont et Saint-Claude-BRGM.
– Carte de randonnée Saint-Claude au 1/25000-IGN-3327 OT.
– Le Haut-Jura… de crêtes en combes-guide des curiosités géologiques – PNR du Haut-Jura, 1988.
– Études sur les Mollusques des Couches Coralligènes de Valfin par P. de LORIOL et l’abbé E. BOURGEAT – Mémoires de La Société Paléontologique Suisse – volumes XIII, XIX, XV, Genève, 1886, 1888.
– Les Orchidées de France, Belgique et Luxembourg – Marcel Bournérias et Daniel Prazt-Parthénope, Editions 2005.

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