Le pli en champignon de la Cernaise témoigne de l’activité des glaciers jurassiens.

Introduction

Le Jura présente de nombreux témoignages sédimentaires des glaciations passées notamment sous la forme de moraines, blocs erratiques, et formations glacio-lacustres. Ces formations géologiques ont été étudiés en détails par Michel Campy (1982) lors de sa thèse. Ce dernier ouvrage reste encore « la » référence et a permis à son « descendant » qu’est Jean François Buoncristiani (2011) de continuer le travail encore actuellement. Ces différentes publications mettent bien sûr en avant la chronologie et les modalités des glaciations et déglaciations jurassienne principalement basé sur l’étude des moraines et des sédiments du paléolac de la combe d’Ain entre Clairvaux les Lacs et Champagnole.

Le pédologue et géologue naturaliste que je suis est cependant très impressionné par la « force » de la nature que représente un glacier, capable de changer le paysage et d’éroder les sols développé entre deux glaciations. L’une des plus belles expressions sédimentologique consécutive aux glaciers est bien entendu l’édifice morainique et son cortège de blocs erratiques, mais l’action purement glaciaire modifie également profondément le paysage en façonnant des vallées en auge, des roches moutonnées et autres parois rocheuses striées.

Un bel exemple de paroi striée: Le Pli en Champignon de la Cernaise

Localisation du site

L’affleurement décrit se trouve dans le Haut-Jura, le long de la D25 sur la route reliant Saint Claude aux Molunes près du belvédère de la Roche Blanche au niveau d’un géosite jurassien remarquable est bien connu qu’est le pli en Champignon de la Cernaise cousin du célèbre Chapeau de Gendarme. Un parking situé le long de la route permet de se garer et de lire un panneau explicatif relatif au pli (Figure 1).
Ce dernier met en avant l’aspect tectonique du site en nous relatant le caractère disharmonique du pli. En effet, les couches composées de calcaires marneux ont été plus intensément courbées, donnant la forme de champigon alors que les calcaires plus purs ont été peu déformés. On y apprend que le fort plissement des couches élastiques s’est produit lorsque le flanc Nord-Ouest de l’anticlinal des Molunes a chevauché le synclinal de septmoncel. Cependant, on ne mentionne pas le phénomène géomorphologique relatif à la glaciation qui y est observable et qui mérite tout notre intérêt.

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Observations et interprétation

Lorsque l’on se trouve face au pli constitué de calcaire d’âge oxfordien supérieur (faciès séquanien), on constate au fur et à mesure que l’on se rapprochera du pli, une magnifique surface polie (Figure 2). On a l’impression qu’une énorme ponceuse à ruban s’est attaquée à la paroi rocheuse. Cette surface polie est l’œuvre d’une langue glaciaire qui venait se « frotter » contre le célèbre pli en champignon comme le montre les dépôts morainiques de ce glacier présents aux abords immédiats du pli (Figure 3).

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Ainsi, l’action conjuguée du frottement de la glace et des eaux de fonte pendant les périodes estivales se faufilant entre le glacier et la paroi a façonné celle-ci. L’action purement mécanique par frottement du glacier est attesté par l’intense striation de la paroi (Figure 4). En effet, ces stries s’expliquent par l’action des blocs rocheux et autres cailloux pris dans la glace qui, au fur et à mesure que le glacier s’écoulait, rayaient la paroi. On remarque d’ailleurs que certains cailloux sont encore incrustés sur la paroi (Figure 5).

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Conclusion

Le pli en Champignon de la Cernaise est un géosite doublement remarquable. C’est un géosite à vocation géologique témoignant des actions tectoniques lors de la mise en place de la Haute-Chaîne Jurassienne, mais également un bel exemple de géosite géomorphologique local témoin de la dernière glaciation. Son accès aisé en bord de route est une invitation à découvrir notre patrimoine géologique de 7 à 77 ans.

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