Didier PÉPIN nous communique l’état d’avancement (ou potentiellement de recul ??) du projet de modifier profondément cette idée stupide de la nuisibilité des espèces sauvages. Les connaissances scientifiques sont pourtant là pour en montrer l’inanité, et depuis des décennies.
Mais les approches ministérielles semblent avoir conservé cette particularité ubuesque que Courteline avait déjà brocardée en son temps…
Voir l’article précédent du 30 novembre 2018
Bonjour à tous,
Après une longue période sans nouvelles, le Collectif Renard Doubs revient aujourd’hui vers vous pour faire le point sur l’état d’avancement de son engagement pour la protection du renard.
A l’automne 2018, l’importante mobilisation de l’opinion publique à laquelle vous avez participé s’est traduite par l’envoi de 1614 courriers au Préfet du Doubs, 9602 signatures de la pétition en ligne et 1627 signatures de la pétition sur papier. Devant cette levée de boucliers et au moment de proposer au Ministre la nouvelle liste des animaux « nuisibles » du Doubs, le Préfet a suggéré de reconduire le statut de « nuisible » du renard, sous réserve de mettre en place une gestion adaptative de l’espèce prenant en compte les pullulations de rongeurs. Si cette solution n’était pas satisfaisante pour notre collectif, elle représentait malgré tout une avancée sans précédent dans notre lutte pour la protection du prédateur.
Sans attendre la décision du Ministre programmée pour juin 2019, un groupe de travail (composé de certains membres de la formation «nuisibles» de la Commission départementale de la chasse et de la faune sauvage : agriculteurs, chasseurs, scientifiques et naturalistes) engage dès le début de l’année 2019 une réflexion pour la mise en place de cette gestion adaptative du renard.
Après 5 mois de travail et de négociations difficiles, le programme de cette gestion est à ce jour le suivant :
1° Rendre plus objectives les déclarations de dégâts causés par le renard en révisant entièrement le contenu des fiches déclaratives actuellement utilisées.
2° Mettre en place dès le printemps 2020 une étude scientifique d’une durée minimum de 5 ans, pilotée par le laboratoire chrono-environnement de Besançon. Cette étude aura pour objectif de tenter de mesurer l’impact de la destruction du renard sur les populations de campagnols et de lièvres. Un suivi de l’évolution du taux d’infestation des renards par l’échinococcose alvéolaire sera également réalisé. Les résultats de cette étude devraient alors permettre d’objectiver les décisions futures quant au classement nuisible du renard en tenant compte notamment du suivi des populations de campagnols. Sans entrer dans les détails du contenu précis de cette étude, elle sera menée sur deux zones du département, comptabilisant 30 communes sur le secteur de Mouthe/Labergement-Ste-Marie et 30 communes sur le secteur de Valdahon/Pierrefontaine-les-Varans. Dans chacune de ces deux zones, le renard restera « nuisible » sur 15 communes, alors qu’il sera entièrement protégé sur les 15 autres.
3° Dans l’attente des résultats de cette étude, et ceci dès la saison de chasse 2019/2020, il a été décidé de suspendre par arrêté préfectoral le statut de nuisible du renard sur toutes les communes sur lesquelles au moins un agriculteur a signé avec la FREDON (Fédération REgionale de Défense contre les Organismes Nuisibles) un contrat de lutte raisonnée contre les campagnols. Pour l’année 2019/2020, cette décision s’appliquera sur 69 communes du Doubs. Sur ces communes, le renard aura le statut d’espèce chassable et pourra être tué uniquement à la chasse, de l’ouverture générale à la fermeture générale.
La gestion adaptative ne peut bien entendu pas satisfaire notre collectif, mais si les décisions prises sont respectées et mises en application, le renard devrait perdre son statut de nuisible sur plus d’une centaine de communes de notre département en devenant chassable sur 69 d’entre elles et entièrement protégé sur 30. Enfin, l’étude scientifique initiée sera une première à l’échelle nationale et nous pouvons espérer que les résultats de la partie sur l’échinococcose confirmeront l’étude similaire réalisée autour de Nancy.
Mais pourquoi avoir attendu si longtemps pour vous donner des nouvelles de l’état d’avancement de notre combat pour la protection du renard ?
L’échéance ultime de nos actions était bien entendu la décision finale du Ministre quant au statut du renard pour les trois prochaines années. La nouvelle est toute récente, le projet de texte vient de sortir et il est actuellement en consultation publique jusqu’au 27 juin à l’adresse suivante !
Nous espérions que la demande du Préfet du Doubs serait prise en compte et que l’obligation de mettre en place une gestion adaptative serait mentionnée. Mais vous constaterez qu’il n’en est rien et que pour l’instant, si rien ne change, le renard conservera son statut de nuisible sur l’ensemble du département. A la lumière des informations du présent message, nous vous invitons à participer massivement à cette consultation publique en reprenant les arguments éthiques, économiques et de santé publique développés dans notre argumentaire (sur le site Internet du collectif Renard Doubs), et éventuellement en mentionnant le manque de reconnaissance du travail de la CDCFS et de la proposition du Préfet du Doubs.
Pour autant, l’engagement du groupe de travail issu de la CDCFS a été très clair, la gestion adaptative se mettra en place réglementairement indépendamment de la décision ministérielle. Il ne nous reste qu’à espérer que les paroles seront tenues et suivies des faits !
Affaire à suivre…
Pour le collectif Renard Doubs, D. Pépin
Didier PEPIN
5, rue de l’église
25160 La Planée
Tél. fixe – 03 81 69 63 85
Tél. portable : 07 82 88 32 73