Rendons à César ce qui est à César
La mémoire de Jean-Pierre Hérold se souvient du travail réalisé sur la commune de Saint Rémy en Haute-Saône pour réalisé, en 2010, l’atlas de la biodiversité.
Préface de Jean-Marie Pelt
Voilà maintenant bien des années qu’avec mon ami Christian Mettelet nous croisons nos chemins pour, d’une tribune à l’autre, appeler l’attention de chacun quant aux nécessaires changements de comportements de l’Homme au regard des agressions dont Dame Nature est l’objet, en particulier depuis l’avènement de la société industrielle. Que ces agressions soient conscientes ou non, les faits sont là, préoccupants, voire inquiétants, à en suivre l’évolution des principaux indicateurs.
Oui, la santé de la planète se dégrade et la quasi-totalité de la communauté scientifique s’accorde à dire qu’il est urgent d’agir.
Je ne fus guère surpris d’apprendre qu’il était à l’origine de cette action innovante, la réalisation d’un atlas de la biodiversité à l’échelle d’un petit village. Il nous avait en effet habitués, avec ses collaborateurs de l’Anred, les fameux « Transformeurs », cette agence nationale qu’il a dirigée, devenue l’Ademe depuis 1992, à innover dans le registre de la protection de l’environnement, dans le domaine des déchets en particulier. Là où, au début des années 1980, le « jeter bon débarras » et le « brûler purificateur » faisaient encore florès.
Je me souviens notamment de la création du concept de déchetterie qu’il promut, concept jusqu’alors inconnu. Comment ferions-nous aujourd’hui sans ces milliers de déchetteries aménagées depuis ?
Biologiste que je suis, je fais partie de ces scientifiques convaincus de l’importance première de la préservation de la biodiversité pour la conservation des espèces dont on sait qu’elle constitue un préalable à leur perpétuation, l’espèce humaine étant au coeur de ce processus d’interdépendance.
Aussi, je me réjouis de cette initiative ambitieuse, conduite à son terme avec de modestes moyens et, à cet égard, il m’a plu d’apprendre que Christian avait fait en outre oeuvre utile, euphémisme, en confiant la réalisation de cet atlas à des jeunes volontaires du service civique. Ces jeunes gens, tous salués dans cet ouvrage, ont en effet trouvé auprès de lui cette occasion de mettre en pratique leurs connaissances universitaires et faire ainsi leurs premiers pas, souvent très décisifs, dans la vie professionnelle et ce, sur un sujet très important, la France manquant par trop de données dans ce domaine.
La constitution d’une « base zéro » en matière de biodiversité est en effet indispensable. Elle seule autorise de pouvoir prétendre « connaître son territoire » et de pouvoir ainsi assurer le suivi scientifique objectif de l’évolution des différents indicateurs, qualifiés et quantifiés au sein de cet atlas. Un suivi de tous ces indicateurs devra se faire au gré du temps qui passe et des aménagements de l’espace qui l’accompagnent … pour mieux concevoir ces derniers et contribuer au développement harmonieux et durable de nos territoires.
Fasse que cette réalisation, la première en Haute-Saône et en Franche-Comté, connaisse la suite que je lui souhaite : sa démultiplication à l’échelle des cinq cent quarante-cinq communes de ce beau département et, plus largement encore, à l’échelle de cette belle région.