Péril aquatique

Réflexions estivales de Jean-Pierre Hérold

Situations alarmantes

Les événements climatiques de l’été sont déjà identifiés par trois  canicules et par des sécheresses et des étiages extraordinaires qui font souffrir les hommes, la végétation et aussi les rivières :

  • Le Doubs est à sec entre Pontarlier et Morteau, et d’autres cours d’eau souffrent.
  • Des températures supérieures à 27° ont été relevées en basse Loue, et plus de 25° en moyenne Loue, seule la haute vallée a été en partie épargnée. Ces températures élevées sont mortelles pour certaines espèces aquatiques d’eau froide et même des poissons comme le Chabot ont subi des mortalités : c’est un signal de perturbations graves.
  • Les niveaux, très bas, dus aux débits inférieurs à 4 m3/s, ont entraîné le dépôt puis la fermentation des algues filamenteuses, ainsi que l’asséchement de grandes surfaces de gravières ou de tufs.
  • Sur les “nassis” découverts, des végétaux non aquatiques se sont développés à la place des mousses fontinalis. Toute la microfaune des interstices a péri.
  • Les biologistes ont mis en évidence la perte énorme de biomasse : tous les invertébrés, vers, mollusques, crustacés, larves d’éphémères et de trichoptères sont touchés d’une façon ou d’une autre.
  • La biodiversité des espèces diminue au profit d’espèces plus banales, escargots d’eau et gammares.
  • Les secteurs de faible profondeur sont colonisés par des cyanophycées, espèces d’algues qui contiennent des toxines et donc peuvent intoxiquer les animaux qui les consomment ou les humains qui sont en contact.

En conséquence toutes les activités aquatiques ont été momentanément interdites : baignades, canoë et surtout la consommation de poisson. Leur pêche devrait être suspendue car dérangement et stress accélèrent leur mortalité dans des eaux trop chaudes.

Le retour à une richesse diversifiée et à des IBGN (indices biologiques) de qualité demandera du temps et de l’eau de qualité !

Pour cela il est nécessaire de limiter les apports de nitrates, de phosphates, de pesticides, de désherbants mais aussi de produits de traitement des bois et de traitements vétérinaires. Des décisions difficiles à accepter pour certaines professions.

L’avenir des productions agricoles passe par un changement de pratiques pour privilégier la qualité face à la quantité, leur rémunération n’en sera qu’améliorée grâce aux Appellations d’Origine Protégées (AOP).

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