Visite à la tourbière de la grande Pile & aperçus géologiques dans la vallée de l’Ognon

par Nicole Morre-Biot et Michel Rossy

Le matin : visite de la tourbière de la Grande pile située sur la commune de Saint Germain en Haute Saône

Un groupe* de naturalistes passionnés s’est retrouvé ce jeudi à l’étang des Monts Reveaux à proximité de St Germain pour effectuer une visite du secteur de La Grande Pile.
Notre accompagnateur : Luc Bettinelli (Chargé de missions / Coordinateur scientifique au Conservatoire d’espaces naturels de Franche-Comté) nous accueille sur le lieu de rendez-vous et nous propose de suivre le sentier qui s’intitule poétiquement « Balade à 1000 Temps » terme qui évoque sans doute les célèbres étangs **voisins.

 

Etang des Monts Reveaux

Le trajet (long d’environ 5 km) nous permet de traverser la forêt environnant la tourbière, accompagnés des chants de loriot, des cris de pic noir, de grands corbeaux et des vrombissements des libellules. Les paysages sont féeriques et évoquent indiscutablement les paysages nordiques, la flore est typique de ces milieux.

La tourbière

Citons en particulier :  schenzerie des marais, canneberge, drosera, sphaignes, nombreux bouleaux entourés de coussins de Polytric et de linaigrette, quelques champignons (Amadouviers ornant les troncs d’arbres morts, amanites, bolets …) Outre une riche population d’oiseaux (gobemouche à collier, pic cendré …), on observe de nombreux insectes en particulier plusieurs libellules dont la leucorrhine à gros thorax, espèce rare en France.

Drosera

Et pour ne pas faire trop de redites, je vous invite à lire les informations plus complètes qui en cliquant sur les images suivantes qui vous conduiront :

  1. aux détails de la tourbière de la grande pile pour la photo de la libellule à quatre tâches
  2. au plan de la balade des 1000 temps pour la photo de la Leucorrhine à gros thorax

Libellule à quatre tâches

 

 Leucorrhine à gros thorax

Et encore une documentation intéressante sur la publication 49 « le sabot de Vénus » p 13  en cliquant sur l’image ci-dessous

Reconstitution du site , il y a 1000ans

 

Après-midi : visite de quelques affleurements de roches dans la vallée de l’Ognon au sud de Servance

Entre Melisey et Ternuay, la vallée de l’Ognon recoupe les terrains du Carbonifère inférieur (Viséen) qui sont formés de sédiments marins (« pélites » de la feuille de Giromagny au 1 : 50000) dans lesquels s’est mis en place un magmatisme basique sous forme de coulées et de filons intrusifs.

Arrêt 1. En rive gauche de l’Ognon, la petite route des Baraques, au pied du Mont de Vannes, permet d’accéder à une ancienne carrière où affleure une roche sombre, verdâtre, à grain moyen (1-3 mm), comportant du pyroxène, du plagioclase et des minéraux opaques. Il s‘agit d’une dolérite, roche intrusive de composition basaltique. Cette roche est connue sous le nom de « porphyre de Ternuay ». Elle a été exploitée dans plusieurs carrières à proximité du village de Ternuay (XIXème siècle et début du XXème) à des fins décoratives puis plus récemment pour enrochement et granulat. Elle forme en effet le piédestal du tombeau de Napoléon 1er aux Invalides et plus modestement le socle de la statue de Victor Hugo place Granvelle à Besançon, un tombeau d’autel hébergé dans l’église de Pusey (Haute-Saône), de nombreux grands vases de la façade du château de Chantilly et d’innombrables monuments funéraires ***.

Arrêt 2. Toujours en rive gauche au lieu-dit « les rocailles » on peut observer une coulée basaltique sous-marine présentant un débit caractéristique en coussins ( « pillow-lavas »)

Pilow lavas

Arrêt 3. Entre Belonchamp et Ternuay au lieu-dit « la roche fendue » affleure un filon de dolérite dans son encaissant sédimentaire. Les pélites viséennes sont des roches litées à grain très fins présentant ici un pendage très net lié à la déformation lors de l’orogenèse hercynienne.

Arrêt 4. Au nord de Ternuay, la lithologie change complètement. Le volcanisme devient dominant et son caractère évolue vers des roches acides.  Au lieu-dit « les étroitures » on peut observer des coulées acides qui affleurent avec un débit prismé impliquant une mise en place sub-aérienne. Ces roches dénommées « orthophyres » sur la feuille géologique de Giromagny, ont une composition chimique intermédiaire entre les rhyolites et les trachytes.

Prismes de Ternuay

Arrêt 5. Après un arrêt minute au monument aux morts de Ternuay destiné à montrer l’utilisation du porphyre vu précédemment, nous nous sommes dirigés vers la ferme des gouttes (D266 de Ternuay au hameau de Melay puis D293 vers le sud). Il s’agit d’un site très connu sur les restes d’anciennes exploitations de grès du Trias utilisés pour la fabrication de meules : on observe encore très nettement les cicatrices d’extraction. Par ailleurs cet affleurement montre des stries liées au mouvement des glaciers.

Signalons pour terminer cette évocation que la météo nous a été particulièrement favorable ce qui ne gâtait rien !

Merci encore à nos guides qui nous ont permis d’apprécier les sites à leur juste valeur !

Photos :  Michel Rossy, Nicole Morre-Biot, Paul Millot, Vincent Bichet (tombeau de Napoléon 1er), domaine de Chantilly (grands vases de la façade)

* Le groupe était formé de plusieurs membres de nos deux sociétés amies : SHND et SNPM

** secteur des 1000 étangs

*** on trouvera de nombreuses informations sur les roches ornementales du sud des Vosges dans un document publié par la SHND :
« Pierres ornementales et marbres de Franche Comté », Patrick Rosenthal, Jean-Pierre Sizun, Michel Rossy, Laurent Poupard et Nicole Morre-Biot »
Doc SHND 2013

Et en apothéose, le diaporama de Michel Lassus

ICI

 

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