Evolutions des phénomènes des crues sur le Doubs et la Loue depuis les années 70

Problématique.
Depuis plusieurs décennies, les phénomènes des crues des cours d’eau en Franche-Comté évoluent : pour un observateur, elles semblent se restreindre dans la durée, devenant plus rapides, tant en crue qu’en décrue.
Afin de répondre à cette interrogation, ont été étudiées les évolutions des débits d’eau en m3/s lors de crues, puis de décrues pour deux cours d’eau franc-comtois.

Les cours d’eaux étudiés, méthodes.
C’est à partir de relevés quotidiens de débits depuis 1976 que les crues ont été analysées pour deux cours d’eau : le Doubs (à la station de Mathay) et la Loue (à la station de Chenecey-Buillon). Ont été exclues les crues pouvant être dues à la fonte des neiges sur les hauts reliefs.

Ont été notés, jour après jour, les débits à partir d’une valeur stable et ce, jusqu’à ce que cette même valeur soit atteinte lors de la décrue, et ceci pour des évènements monophasiques (donc hors crues multiples), puis les valeurs relevées ont été centrées sur le pic de crue : cela permet de construire différents graphiques, décennie après décennie, pour chacun des deux cours d’eau. Pour le Doubs, le petit nombre (4) de crues enregistrées sur la décennie 1976-1980 a nécessité la fusion de ces épisodes avec ceux de la décennie suivante.
Les séquences sont présentées aux mêmes échelles, horizontale et verticale.

Chaque graphique présente plusieurs crues pour chaque décennie. Crues Doubs 01.2017 Crues Loue 01.2017

Résultats, quelques pistes explicatives, non exhaustives.
A l’analyse des graphiques, décennie après décennie, on peut noter les points suivants :

– la décrue est plus longue dans la durée que la crue, quelque soit la décennie, les graphes sont asymétriques, par rapport au pic de crue ;

– globalement, tant pour le Doubs que la Loue, les crues deviennent plus brutales : le développement de la crue s’opère entre 3 et 4 jours jusqu’en 1989, tandis que c’est sur 3 jours voire 2 qu’elle s’installe dans les décennies suivantes ;

– on observe un raccourcissement plus important de la décrue par rapport à la crue : les graphes en deviennent même, dans certains cas, presque symétriques ;

– la Loue présente des épisodes de crues et décrues plus brutaux que le Doubs. Cela correspond à ses caractéristiques hydrographiques, étant un cours d’eau plus torrentueux que le Doubs à Mathay.

L’explication de ces modifications n’est pas unique, différents paramètres peuvent être évoqués :

– l’évolution du régime des précipitations, de la qualité des précipitations (acidité) pouvant provoquer une transformation des circulations superficielles et souterraines (karst),

– l’évolution de la température des eaux de l’ensemble du cycle, ce qui peut dynamiser les phénomènes physico-chimiques et biologiques en cause (en moyenne + 1,5°C sur 50 ans),

– la transformation des bassins versants (type de surface, végétation et sols), avec les pratiques agricoles (augmentation des apports en engrais minéraux et lisiers, cultures nouvelles, simplification des reliefs, suppression des haies), mais aussi avec l’artificialisation des surfaces (imperméabilisation).

Il est donc certain, d’après les données hydrométriques, que le régime des crues du Doubs, comme celui de la Loue, a évolué depuis les années 1970, dans le sens d’un raccourcissement des crues et décrues, ce qui correspond à une modification de ces phénomènes, plus violents actuellement.

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