Où en sont les rapaces emblématiques du Jura?

                                     
Différentes espèces d’oiseaux utilisent les mêmes sites pour s’y reproduire. Et dès février les parades sont d’actualité. 
Parmi les plus emblématiques, le faucon pèlerin, le grand-corbeau, ce corvidé ‌qui cohabite avec les rapaces, le grand-duc et l’aigle royal occupent quasi exclusivement les falaises.
Parmi ces 4 espèces, 2 sont la proie des deux autres. Le faucon pèlerin et le grand corbeau font partie des proies potentielles du grand-duc et de l’aigle royal.
L’installation d’au moins une de ce deux espèces, pour l’instant principalement le grand-duc, sur un  » site à pèlerin  » en fait disparaître rapidement, sauf exception, le faucon pèlerin d’abord, le grand corbeau ensuite.
Sur l’arc jurassien la population du grand-corbeau a diminuée de plus de 60% au cours des 40 dernières années, les techniques agricoles et la suppression des décharges communales, y sont aussi pour quelque chose.
Depuis une vingtaine d’années le grand-duc est en revanche en expansion rapide.
Dans les régions où les falaises sont de petites tailles et peu nombreuses, les Vosges par exemple, la présence du grand- duc exclue alors celle du pèlerin. 
C’est pourquoi, depuis 15-20 ans, on observe un effondrement spectaculaire de leur population, près de 80% de régression.
Sur l’arc jurassien on observe le même phénomène mais avec une moins grande amplitude car les falaises sont plus nombreuses, de plus grandes tailles et que la taille d’un territoire de grand-duc n’est pas extensible.
Cette réalité permet au pèlerin et au grand-corbeau de trouver des sites  sans la présence du grand-duc, ou assez vastes pour échapper à la prédation du rapace nocturne et s’y reproduire avec succès. 
Mais ces falaises refuges, les plus étendues et les plus hautes, sont souvent « squattés  »  par des homo sapiens en mal de distractions, dont  l’escalade, le vol libre, les parapentes …
Alors, où le pèlerin, le grand-corbeau, le grand-duc et l’aigle royal vont ils se reproduire ? 
La réglementation peut alors être utile.  C’est le rôle des Arrêtés préfectoraux de protection de biotopes : APPB. 
Les APPB sont une solution partielle au problème, partielle seulement, puisque toutes les falaises occupées par les 4 espèces ne sont pas toutes en APPB, et que les oiseaux peuvent se déplacer de plusieurs km sur une falaise qui n’est pas en APPB.
Et pourtant même sur cette falaise qui n’est pas protégée administrativement, les oiseaux ont besoin tout autant de tranquillité pour s’y reproduire.
Dans le département du Jura, il existe une bonne entente entre les grimpeurs, les sportifs, leurs représentants et les membres du Groupe pèlerin du Jura qui suit l’évolution des populations d’oiseaux rupestres. 
D’ailleurs, des panneaux limitant de façon non réglementaire mais par « bonne compréhension réciproque » les pratiques d’escalade, ont été réalisés et mis en place par les grimpeurs jurassiens eux-mêmes. 
Le simple fait de ne pas accéder aux falaises du mois de février au mois de juin suffit pour sauver des jeunes oiseaux non volant, puis en été les sports sont possibles sans risques de provoquer la perte de jeunes à l’aire par effet de panique et stress.  
Une entente aussi efficace n’est malheureusement, pas la règle partout, l’objectif reste cependant de réaliser sur la chaîne du Jura un consensus pour la protection des falaises qui sont des sites répertoriés de reproduction de ces oiseaux.
Jean-Pierre Hérold
Ce contenu a été publié dans Actualités. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.