Des rivières et des hommes 

Par Jean Pierre Hérold, biologiste

Une galerie de portraits de personnages régionaux bien connus de tous ceux qui ont fréquenté les rivières du Jura géographique, et d’abord les pêcheurs, maîtres dans leur art de leurrer les poissons emblématiques que sont la truite fario avec ses trois bandes foncées sur les flancs et l’ombre commun avec son vexille ou nageoire dorsale appelée aussi étendard.
Et tous les amoureux des eaux vives, naturalistes, artistes, voire sportifs ou aussi hydrogéologues, ornithologues et bien d’autres.

Ombre et Truite, les deux bijoux de la faune piscicole de la Loue, du Doubs amont et des rivières du Jura vus par Philippe Marle, artiste et dessinateur. Merci !

.Cette présentation rappelle des figures connues :

Le Sorcier de Vesoul, Henri Bresson qui voyait le poisson ou personne ne soupçonnait rien… Il est connu par ses créations de mouches de pêche, imitations synthétiques de trichoptères comme la « peute » bien franc-comtoise de par son nom en patois, et la « tricolore » une imitation d’éphémères, toute en lumineuse légèreté.

L’auteur-pêcheur Jean Paul Pequegnot qui a écrit un ouvrage de référence intitulé : la LOUE, ouvrage fort recherché en bouquinerie. C’est un document qui montre ce qu’une rivière en bon état pouvait apporter comme ressources de poissons pour la gastronomie et comme plaisir de la pêche pour le sport, dans les années 1970.
Il est aussi l’auteur d’un « répertoire des mouches artificielles françaises » qui se voulait une référence face à la littérature de langue anglaise, et qui le reste.

Pierre Choulet qui a géré le Moulin du Plain à Goumois sur le Doubs franco-suisse, et qui a reçu la fine fleur internationale des « chapeaux à plumes », des pêcheurs fortunés qui étaient reçus avec une convivialité extrême.
Et avec la même gentillesse il donnait ses conseils aux débutants. A sa table se rencontrait tout un monde d’amoureux des rivières.

Bien plus tôt, le frère Ogérien auteur du premier ouvrage en 1863 du recensement des espèces piscicoles dans « Histoire naturelle du Jura, zoologie vivante » ou comment être moine et naturaliste en même temps.

En 1910, Charles Beauquier, député du Doubs, le premier à avoir demandé et obtenu la mise en réserve d’un site remarquable, la source du Lison. Un site protégé qui garde tout son attrait avec le Creux Billard et son système karstique complexe faisant partie d’un modèle de résurgence.

Et aussi des scientifiques :
L’hydrobiologiste Jean Verneaux auteur d’une thèse en 1973 sur la biotypologie des rivières, dont le Doubs, de sa source à Mouthe à sa confluence avec la Saône à Verdun sur le Doubs. Il a montré la répartition longitudinale des populations aquatiques et classé les secteurs selon les contraintes de l’environnement : de la zone à truite et à ombre jusqu’à celles à brème et à carpe.

Le premier hydrogéologue et spéléologue, le professeur Fournier, a été le premier à avoir exploré les sources et les grottes de toute la région. Ses élèves furent nombreux et apportèrent des précisions à la connaissance des réseaux par des colorations réalisées depuis les sources, les dolines et les résurgences. La cartographie de l’inventaire des circulations souterraines a été complétée dès 1987 par Pierre Chauve et ses collaborateurs du Laboratoire de Géologie de Besançon.

Plus récemment les enseignants chercheurs du Laboratoire de Chrono-environnement de l’Université de Bourgogne Franche-Comté ont présenté un rapport exhaustif de l’évolution de la qualité des eaux et des milieux aquatiques qui met en évidence les responsabilités des communautés humaines agricoles, industrielles et urbaines. Un travail important qui est une référence dans les données scientifiques.

Et aussi les bureaux d’études spécialisés dans les rivières karstiques et les eaux continentales ; ils maîtrisent les paramètres de l’évolution des cours d’eau de la Région soumis à des agressions multiples.

Ils proposent les aménagements nécessaires pour assurer un assainissement efficace des agglomérations et des ateliers liés à la fabrication du fromage de Comté qui produit plus de 70000 tonnes par an de ce produit emblématique, avec malheureusement des rejets polluants pas toujours maîtrisés.

Le but reste la reconquête de la qualité de l’eau des rivières de l’espace jurassien avec l’intervention de la Région, des départements avec de structures comme l’EPAGE, les Syndicats mixtes, les plans de gestion de rivières, de bassins, les contrats pour des résultats attendus en 2027, voir 2035… ?

Et pour plus d’informations : l’article de Marc Nicolet, un travail remarquable de recherche bibliographique : « La faune de Franche-Comté, références bibliographiques : collection des publications naturalistes sur deux siècles » Bull. Soc. Hist. Nat. Doubs 2020-2021, tome 99, 25-32.

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