Une espèce en expansion : le silure glane

par Jean-Pierre Hérold

Le silure glane, (silurus glanis, Linnaeus 1758) est une espèce de la famille des Siluridae. Il tolère les changements de son milieu de vie et de larges amplitudes concernant certains facteurs, notamment la température. Le silure est un carnivore opportuniste dont la proportion des différentes espèces-proies au sein de son régime alimentaire serait liée au milieu et à la présence de ces proies dans la biomasse (Guillaume, 2012 ; Copp et al., 2009 in Morvan, 2016).

C’est une espèce rustique qui peut effectuer des déplacements importants dans les cours d’eau. La longévité du silure est de 15 à 20 ans, il peut dépasser 2 mètres de long et 40 kilogrammes. La reproduction a lieu si la température de l’eau dépasse 20 °C pendant 2 à 3 mois. La croissance est rapide : 50 à 60 cm à 3 – 4 ans. Un exemplaire de 2,30 m a été capturé dans le Doubs, sur un site  proche de Besançon, cet automne 2022.

Des données paléontologiques montrent que l’espèce faisait partie de l’ichtyofaune française (bassin du Rhône et probablement du Rhin) avant d’être éliminée par les glaciations (Schlumberger et al., 2001; Bessis, 2012). La première introduction en France date de 1851 dans les bassins de Versailles, puis en 1857 en Alsace. Il atteint le bassin du Doubs vers 1890 et celui de la Saône en 1966 suite à l’introduction dans des étangs piscicoles en Dombes. Aujourd’hui, il est largement présent dans les grands cours d’eau de Bourgogne-Franche-Comté et son aire de répartition est en extension.

En effet, en appliquant par exemple la même méthodologie que celle développée par l’UICN pour les espèces dans l’établissement des listes rouges (UICN, 2011) et adaptée aux milieux aquatiques (Berthelom, 2015), la zone d’occurrence du silure augmente de 270 % entre 2005 et aujourd’hui.

Il est présent dans la Loue moyenne et on note son expansion dans ce cours d’eau. L’augmentation des températures moyennes de l’eau de plus de 1,5 °C en une décennie n’est pas étrangère à cette évolution : les canicules de 2018 à 2022  sont bien démonstratives de ce constat.

L’analyse des données du Réseau de contrôle et surveillance de la DCE mettent en avant l’expansion et l’augmentation de biomasse sur la Loue et le Doubs et des niveaux restant stables sur la Saône bourguignonne et la Loire.

L’impact du silure sur le reste du peuplement de poisson a été sujet à controverse. Bessis (2012) par exemple démontrait un impact dans la Saône en Côte-d’Or.

Aujourd’hui des études plus poussées de l’impact de l’espèce sur l’ichtyofaune métropolitaine pour certains cours d’eau (Guillerault et al., 2015) et un bilan général de son impact potentiel sur les poissons des petits et moyens cours d’eau, dressé à l’échelle nationale à partir de l’analyse de plus de 25 ans de données de pêche de l’Onema, indiquent qu’à l’exception de quelques rares cas, le silure ne semble pas avoir d’impact majeur sur la richesse spécifique, la densité et la biomasse des poissons.

références bibliographiques dans Bouchard et Hérold 2017, revue scientifique Bourgogne-Nature: 25, 149-163.

Ce contenu a été publié dans Actualités. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.